De 1920 à 1923, ces jetons se substituèrent aux pièces de monnaie qui faisaient défaut. Ils représentaient sur une face une publicité et sur l’autre un timbre-poste.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, qui avait nécessité pour l’armement l’utilisation massive de métaux nobles, notamment présents dans les monnaies divisionnaires (laiton, cuivre), les français retrouvent leur porte-monnaie vide de cette mitraille, si utile aux échanges entre clients et commerçants. Pour pallier cette disparition massive fort dérangeante, l’Etat ne produisant plus de pièces à faible valeur faciale, des initiatives privées voient le jour, destinées à créer un substitut. Seule contrainte : celui-ci doit pouvoir circuler de mains en mains sans se dégrader.
|
Suprême Bière Gangloff
Avers : estampé |
---|
En mars 1920, sous l’impulsion d’un Charentais ingénieux du nom de Bouchaud-Praceiq, est déposé le brevet d’un jeton réalisé en matériau composite, resultant du
sertissage de deux disques circulaires, dont un est transparent et protége une vignette, un timbre, ou une quelconque valeur fiduciaire susceptible d’être acceptée comme monnaie courante.
Le principe connaît très rapidement un certain essor. En effet, un industriel acquiert les droits d’exploitation du brevet et se lance, sous la marque FYP, dans l’émission de jetons de deux types,
pouvant accueillir, sur leur face aveugle une publicité. Les premiers sont en aluminium, estampés et permettent d’apposer une réclame en relief. Les seconds, en fer-blanc, portent une publicité
peinte, polychrome.
L’énorme majorité de ces capsules mesure 33 mm de diamètre. Si le recto est réalisé au choix dans deux métaux différents, le verso, en revanche, est identique, puisqu’un mica protège un timbre poste, à l’effigie de la Semeuse camée ou lignée, dont la valeur faciale est comprise entre 5 et 25 centimes suivant les jetons. Le fond, autour du timbre, est de couleur variée (rouge, orangée, bleue, dorée...). Le financement pour la fabrication coûteuse de telles pièces, est assurée par des sociétés privées, en échange de la réclame diffusée. Ainsi, de nombreuses entreprises adoptèrent ce mode de réclame, et des milliers de timbres monnaie circulèrent jusqu’en 1923, date a laquelle l’émission de petites pièces mit un terme a la pénurie. Ces timbres monnaie n’ont jamais été reconnus officiellement par l’administration en métropole, mais extrêmement pratiques, ils n’ont pas fait 1’objet de contestation, puisqu’ils faisaient référence à la valeur faciale d’un timbre poste inclus dans la capsule. Les timbres monnaies ont servi de supports publicitaires à des entreprises variées, qu’il s’agisse d’établissements bancaires, tel le Crédit Lyonnais, qui en produisit sans doute le plus grand nombre, ou de marques d’alcool - le Cognac Foucauld, Marie Brizard, le rhum Charleston, le Champagne de Marcy, ou les vins Colombant - pour n’en citer que quelques uns.
|
Bières de la Meuse
Avers : estampé |
---|
Des pièces illustréesCertains jetons portent une publicité polychrome rehaussée du symbole d’une marque. La Chicorée à la Vierge Noire de l’Abbaye de Graville, est représentée par la Vierge Marie et
l’enfant Jésus, tout comme la Lessive Supérieure de Notre-Dame de Lagnet. L’anisette Marie Brizard s’illustre d’un four de distillation, le Cognac Meukow, d’un bras levé tenant un rameau, la peinture
Matolin montre un peintre au travail, quant à la Pharmacie du progrès à St-Etienne, elle utilise une main. En dehors de l’HexagoneLa carte de France des sociétés ayant eu recours aux timbres monnaie se concentre sur le Bordelais, région de l’inventeur, l’Ile de France et le Nord. Hors de nos frontières,
d’autres modèles de timbres monnaie métalliques ont vu le jour : en Italie pour Pirelli ou Singer, en Nouvelle-Calédonie pour la Banque d’Indochine avec un timbre verdâtre de 25 centimes de
valeur faciale, ou encore en Algérie pour commémorer l’Exposition d’Alger. Claude Franck |
La vie du collectionneur - 20 mai 2004
|